Parue dans Le Nouvel Économiste
Bien réel
Une journée pas comme les autres dans un lycée du 93
En toute subjectivité, par Frédéric Thiriez
Pour les théâtreux, le “grand secours” est la vanne anti-incendie qui permet d’inonder la scène. Le théâtre, dans ce nouveau roman de Thomas B.
Reverdy, est un lycée de Bondy, dans le 9-3, un monde que l’auteur connaît particulièrement bien puisqu’il est enseignant dans le même département. “Je n’ai jamais vu d’endroit aussi laid” avoue l’un des protagonistes du roman, découvrant le pont de Bondy. “Sous les voies (de l’A3) c’est une sorte d’enfer, entre une casse automobile et un terrain vague. Ça sent l’urine et, dans le creux d’un des piliers qui soutiennent l’autoroute, où l’odeur est la plus forte, il y a un caddie de supermarché plein de fringues et des restes de repas à même le sol.”
Unité de lieu (le lycée), unité de temps (une journée, précisément minutée de 7h30 à 17h), mais pluralité d’actions : on s’attarde sur la relation pudique entre Candice, la professeure de français, et Paul, l’écrivain qu’elle a sollicité pour animer un atelier d’écriture, sur le personnage attachant de Mo (Mohamed), un jeune élève timide mais brillant, amoureux éconduit de la belle Sara, qui écrit pour elle des poèmes suscitant les applaudissements nourris de la classe, et enfin Mahdi, le petit caïd, qui aura une altercation violente avec un policier de la BAC qui dégénérera, réseaux sociaux à l’appui, en véritable émeute jusqu’à l’intérieur du lycée. Comment ne pas se souvenir des émeutes de l’été 2023 ?
La beauté qui sauve
‘Le Grand Secours’ n’est pas un roman “engagé”, plutôt un hommage aux enseignants qui luttent au quotidien, malgré le manque de moyens, pour transmettre aux élèves le goût de la lecture, de l’écriture, du théâtre, souvent avec succès : “Que l’un d’entre eux, même un seul, rencontre la beauté, la beauté qui sauve, et la journée est gagnée” dit Candice à Paul après l’atelier d’écriture. Et Paul de se lancer devant la classe suivante : “Il dit que les romans, les pièces de théâtre, la poésie, c’est une façon de vivre plus. Il prend l’exemple de la chanson. Les chansons qui racontent des choses qu’on n’a pas vécues, mais qui nous font ressentir ce que ça nous ferait. Le grand amour, le désespoir. Quelques élèves, même des garçons, hochent la tête”.
Romancier confirmé, plusieurs fois primé, Thomas B. Reverdy se veut un écrivain du réel, servi par une écriture nerveuse, efficace, imagée. ‘Le Grand Secours’ le confirme.
Article à retrouver sur le site via le lien : https://www.lenouveleconomiste.fr/le-grand-secours-de-thomas-b-reverdy-108054/
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