Le football français traverse la crise la plus grave de son histoire. Tandis que les clubs professionnels sont menacés de faillite par le double choc du confinement et de la défaillance de Mediapro, le football amateur risque l’asphyxie du fait de la baisse du nombre de licenciés et des recettes d’évènements, de la fuite des sponsors et de l’insuffisance des aides, publiques ou fédérales. Mais soyons lucides : les difficultés du football amateur sont antérieures à la crise sanitaire, que cette dernière n’a fait qu’aggraver. Pourtant, le football amateur, avec ses deux millions de licenciés, ses 400.000 bénévoles et ses 15.000 clubs qui assurent un maillage territorial essentiel, est notre avenir et notre raison d’être. Parce que dans le football, c’est la masse qui fait l’élite. Parce que le football est plus qu’un sport, plus qu’un spectacle, c’est un moyen irremplaçable d’éducation, d’apprentissage du vivre ensemble et de cohésion sociale. Il contribue, par les valeurs qu’il porte, à ressouder une France fracturée. Il est devenu le ciment de notre société. Notre responsabilité sociale est écrasante.
UNE AMBITION : replacer le foot amateur au cœur du projet fédéral
Si la France est devenue une grande nation de football grâce au palmarès de ses équipes nationales, masculines et féminines, elle demeure très en retard quant au développement de la pratique. Nul ne saurait se satisfaire de nos deux millions de licenciés, qui, au demeurant, stagnent depuis dix ans, quand l’Allemagne en compte sept millions et le Royaume-Uni huit. Nul ne saurait se contenter de nos deux-cent mille féminines, chiffre certes en progression, alors que l’Allemagne en affiche 700.000. Le football français n’a aucune raison de limiter ses ambitions, au mauvais prétexte qu’il manquerait de terrains dans les villes et d’éducateurs en zone rurale. Le développement du football amateur, depuis longtemps négligé, doit devenir l’absolue priorité de la FFF. A court terme, c’est un véritable plan de sauvetage du football amateur qu’il faut mettre en place pour aider nos clubs à surmonter l’épreuve de la crise sanitaire. Au-delà, je m’engagerai sur un plan ambitieux de développement du football visant à atteindre, dans dix ans, 4 millions de licenciés, dont 1 million de féminines, et exposant les moyens pour ce faire, avec le soutien indispensable des collectivités territoriales et de l’Etat.
UNE METHODE : la participation de tous
Le temps est révolu où les choses se décidaient d’en haut de manière autoritaire et verticale. Il n’est de gouvernance moderne, de réforme durable qu’inspirées par l’écoute du terrain, conçues dans la concertation et appliquées en recherchant l’adhésion de tous, au besoin par des adaptations locales. Cette méthode, j’entends la respecter aussi bien pour l’élaboration du projet que je soumettrai à l’assemblée fédérale, que pour le pilotage de la fédération si mon équipe est choisie pour ce faire.
1 - Un projet participatif
Aussi bien sur les mesures d’urgence nécessaires pour faire face à la crise, que sur le plan de développement du football amateur, je souhaite associer les ligues, les districts, les clubs et recueillir, par des visites sur le terrain, leurs attentes, leurs besoins, leurs propositions. Notre équipe en fera la synthèse fin janvier avant la présentation de notre programme et je ne doute pas que les remontées du terrain seront riches.
(voir si on ne peut pas aussi permettre aux licenciés de donner leur avis sur une sorte de plate-forme internet ?)
2 - Une gouvernance participative
La FFF, avec la réforme statutaire issue des « états généraux du football » de 2010, a gagné en autorité. Toutefois, l’expérience a révélé ses défauts : excessive centralisation du pouvoir de décision, faiblesse de la concertation, alourdissement préoccupant des frais de structure et de personnel, management contesté en interne.
Je proposerai en particulier de créer auprès du Comex un « conseil des sages » composé d’anciens internationaux ; de donner une réelle autonomie financière à la LFA ; de « décentraliser » davantage l’appareil fédéral en donnant plus de pouvoirs et de moyens aux ligues et aux districts et en clarifiant la carte administrative du football ; de « professionnaliser » le système associatif fédéral en assouplissant les règles concernant la rémunération des dirigeants, y compris pour les districts et de lancer au siège parisien une démarche participative de « projet d’entreprise » afin d’apaiser les tensions actuelles.
Enfin, les relations avec la LFP doivent demeurer en tous temps placées sous le signe de la confiance et de la solidarité, dans le respect absolu de l’autonomie de la ligue professionnelle, garantie par la loi.
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